Le Coin de l'Information

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Archive for février, 2011


Les algues vertes dans nos assiettes ?


Article de Marie-Emmanuelle Grignon Journaliste  Association Bretagne Durable www.bretagne-durable.info

A l’heure où l’association France Nature Environnement lance une campagne d’affichage polémique dénonçant les algues vertes et l’élevage industriel de porcs, Bretagne Durable s’intéresse aux solutions qui peuvent être mises en œuvre pour valoriser les algues vertes. Même si la solution la plus efficace sera toujours une réduction des effluents d’azote et de phosphates se déversant dans les eaux, différentes solutions sont en cours d’étude. Parmi elles, plusieurs, très singulières, ont retenu notre attention, et ce, aussi bien en amont pour contrer leur prolifération, qu’en aval pour assurer un débouché à celles  échouées sur les côtes bretonnes. Cosmétique, méthanisation, compost, biocarburant, construction… Les idées fusent. Premier volet de notre série « comment valoriser les algues vertes » : pourquoi ne pas envisager de les consommer ?

Les algues vertes sont nombreuses sur le littoral nord breton © PLR

Une salade d’algues vertes, ça vous tente ? Bien que l’ulve (ou laitue de mer) souffre d’une image particulièrement négative -à cause de ses échouages massifs sur les côtes bretonnes- il est tout à fait possible de la consommer ? « On peut manger de la laitue de mer sans problème, et sous toutes ses formes », confirme Martial Laurans, chercheur en dynamique des populations et des peuplements au département « sciences et technologies halieutiques », de l’Ifremer de Brest. Mais attention, précaution importante : si l’algue verte est comestible, il ne faut pas ramasser celles qui sont échouées par centaines sur les plages.
Un point sur lequel insiste Pierrick Le Roux, l’un des pionniers de la cuisine aux algues en Bretagne. « Les gens pensent que ce n’est pas la même algue que celle qui est échouée, et pourtant si ! Il faut juste la cueillir fraîche, vivante, sur pied, pas morte sur le sable, gavée de nitrates et de phosphates ! », clame-t-il.
Même écho du côté de la société Algues Armorique, qui propose à la vente, entre autre algues, la laitue de mer, soit fraîche grâce à de la saumure, soit déshydratée. « Nous les recueillons accrochées sur les rochers, en bord de mer », précise Thierry Duizet, le gérant de la société costarmoricaine, « dans des zones qui ont des courants et des coefficients de marée importants », comme c’est le cas en Bretagne Nord, zone de ramassage privilégiée, « où elle abonde naturellement », complète Martial Laurans de l’Ifremer Brest.

Pierrick Le Roux, professeur de cuisine, réalise des recettes avec la laitue de mer ou algue verte © PLR

Riche en minéraux et vitamines

Mais concrètement, comment s’utilise l’algue verte dans notre alimentation ? « Sous forme déshydratée, on peut la consommer en tant qu’aromate, comme le persil séché », confie Thierry Duizet d’Algues Armorique. « L’ulve est excellente en omelette, avec des moules, ou dans une salade composée », affirme quant à lui Pierrick Le Roux, le cuisinier des algues. « On peut remplacer les légumes par l’algue verte dans tous les plats qui en contiennent », poursuit-il. L’algue verte serait en outre particulièrement bénéfique, en raison de sa richesse en vitamines et minéraux et de son faible apport de graisse et de sucre.
Mais si les algues semblent susciter aujourd’hui un engouement nouveau chez le consommateur, la laitue de mer souffre encore de son image liée aux marées vertes, ce que déplorent les professionnels qui la vendent ou la cuisinent. « On est obligés de dédramatiser, car les gens sont inquiets du fait qu’une algue mortelle puisse être consommée », commente Pierrick Le Roux.
Le chef n’hésite pas à chausser les bottes pour montrer aux cuisiniers amateurs qu’il forme que l’ulve est parfaitement comestible. Pour Thierry Duizet, gérant de l’entreprise Algues Armorique, « Les médias ont beaucoup informés sur les dangers des algues vertes échouées, ce qui fait que nos clients posent encore beaucoup de questions sur les ulves. Ce n’est pas toujours évident de faire passer le message de l’intérêt de l’ulve auprès des consommateurs », déplore-t-il. Il reste visiblement encore des efforts à faire en matière de communication pour éventuellement faire de l’alimentation un débouché porteur pour l’algue verte !

Une recette à base d’ulve

Voici une recette concoctée par Pierrick Le Roux: le pain de thon à la laitue de mer.
Attention: il faut ramasser des algues accrochées aux rochers, sur pied, dans un secteur ou l’eau ne stagne pas, et non pas échouées sur la plage !

Pour 6 personnes

Ingrédients:

250 g de thon au naturel
5 oeufs
20 cl de crème fraiche
10 grammes de laitue de mer séchée ou 100 g de laitue de mer fraîche
Sel et poivre.

Préparation

Dans un robot multifonctions (hachoir), émietter le thon. Ajouter les oeufs, la crème fraîche et les algues réhydratées ou fraîches blanchies. Assaisonner et mélanger tous les éléments à l’aide d’un fouet.
Verser dans un moule à cake beurré et cuire au bain-marie 45 min environ, à 200°C .

La campagne choc fait polémique chez les Bretons

L’association France Nature Environnement vient de lancer, à quatre jours de l’ouverture du salon de l’agriculture, une campagne choc d’affichage dans trois stations de métro parisien. Outre les OGM et les effets dévastateurs des pesticides sur les abeilles, deux affiches dénoncent les marées vertes bretonnes. Sur l’une d’elle, présentant un enfant jouant au milieu d’algues vertes échouées, on peut lire « L’élevage industriel des porcs et les engrais génèrent des algues vertes. Leur décomposition dégage un gaz mortel pour l’homme ». Une affichage qui n’a pas manqué d’entraîner de nombreuses réactions, notamment celle de Jean-Yves Le Drian, président du Conseil Régional de Bretagne. Pour lui, « Ces attaques caricaturales ne permettront pas de résoudre la question des algues vertes. Au contraire, elles risquent de réduire à néant les efforts des acteurs de terrain et de raviver les clivages ». Il dénonce cette opération et « la trouve malveillante alors que, pour la première fois, un vrai dialogue se crée en Bretagne entre ceux qui, hier, refusaient de s’écouter. La mutation de l’agriculture bretonne est en marche et des projets concrets émergent sur les territoires les plus concernés ». L’association Eau et Rivières de Bretagne , membre de France Nature Environnement, signale quant à elle dans un communiqué qu’elle n’a pas été associée « ni de près, ni de loin », à cette campagne de communication. Elle « regrette profondément cette absence de concertation préalable » et estime que sur des sujets aussi sensibles que celui des élevages industriels et de la pollution de l’eau, il faut se garder « de porter atteinte aux équilibres patiemment construits et éviter toute forme de provocation qui conduit inévitablement à des surenchères ».

Gaz de schiste : non merci !

Sans aucune information, sans aucune consultation, le gouvernement français  a offert, à des sociétés nationales et étrangères le droit d’explorer le sous-sol français à la recherche de gaz et de pétrole de schiste.

La technique pour ramener le gaz à la surface est nouvelle, délicate et surtout, désastreuse sur le plan environnemental. La «fracturation hydraulique horizontale», consiste à provoquer des failles à l’aide d’un liquide envoyé à très forte pression, pour libérer le gaz et le pétrole pris dans la roche compacte, à environ 2000 mètres de profondeur. Trois «ingrédients» sont nécessaires pour créer ces mini séismes : des quantités phénoménales d’eau (entre 15 000 et 20 000 m3), des produits chimiques (plus de 500) pour attaquer la roche et des micro-billes pour maintenir ouvertes les failles.

Aux Etats-Unis, le bilan de l’extraction de ces énergies fossiles est catastrophique : pollution massive des nappes phréatiques et de l’air, destruction des paysages et de milieux naturels, etc. Leur exploitation, en France, conduirait inéluctablement aux mêmes dégâts ainsi qu’à des émissions accrues de gaz à effet de serre, alors même que notre pays s’est engagé à les diviser par quatre.

Les autorisations de prospection sur plus de 10% du territoire ont été accordées sans débat sur les besoins énergétiques à moyen et long terme, sans discussion sur la nécessité de lutter contre le gaspillage, rechercher une meilleure efficacité énergétique et les alternatives renouvelables.

Pour toutes ces raisons, nous exigeons un débat public avec la société civile, les élus locaux et nationaux, pour dresser un inventaire complet des conséquences environnementales, sanitaires, économiques et sociales de cette «nouvelle folie industrielle».

C’est pourquoi nous demandons un gel immédiat des prospections et la suspension des permis de recherche de gaz et pétrole de schiste sur l’ensemble du territoire français.


Coordination des collectifs pour un moratoire sur la prospection du gaz de schiste